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TAPIS BOUCHAROUITES

 

Une exposition dédiée à l'artisanat d'art des femmes berbères de l'Atlas Marocain, issue de la collection @My boucha.

 

« Boucharouite », en berbère, signifie littéralement « bouts de chiffons ». À l'apparition du prêt-à-porter des années soixante, ces femmes des montagnes commencent à recycler leurs vieux vêtements à la place de la laine, beaucoup plus précieuse. Artistes sans le savoir, elles donnent vie à une symphonie de couleur et un language des formes. Elles trament les émotions de leur vie, leur vision du monde, se laissent guider par leur impulsion créatrice, dans une expression beaucoup plus personnelle que les tapis traditionnels. Ces tisserandes populaires ont créé inconsciemment de véritables œuvres artistiques, une connexion troublante avec les artistes contemporains et un lien étroit entre art et artisanat. Ces « tapis du pauvre », dévalorisés pendant de nombreuses années, trouvent aujourd'hui une reconnaissance internationale.

 

Cette programmation s’inscrit dans « Le printemps du sur-cyclage » au BAZART : re-valoriser les textiles usés, sensibiliser aux conséquences écologiques de l'industrie textile et proposer des initiatives positives...

 

 

 

Une petite histoire du tapis boucharouite
par Patrick de Maillard, créateur du Musée Boucharouite à Marrakech, www.lacollectionberbere.com.

« Au Maroc, (…), existe une très grande diversité de style de tapis : chaque région, chaque communauté se distingue de l'autre par les signes et les codes qui leur sont propres.

(…) Azilal, Beni Ouaraïn, Boujad, Chiadma, Hamna, Telsint ou Zemmour pour ne citer que les plus connus, ont acquis depuis longtemps une grande notoriété auprès des collectionneurs du monde entier.

Depuis une cinquantaine d'années s'est développé, en parallèle à cette production communautaire, un style de tapis beaucoup plus personnel : le boucharouite.

Enfant pauvre du tapis de laine traditionnel, fait de bouts de tissus récupérés sur des vêtements mis au rebut, il a longtemps été caché et dévalorisé comme symbole de leur indigence par les membres de leur communauté.

La récupération d'effets personnels ajoute à ces tapis une dimension très forte : celle de la transmission de fragments de vie des femmes qui les réalisent.

Ces boucharouites sont de véritables archives familiales : d'un coup d'œil, on y retrouve la chemise du grand-père décédé ou la culotte courte de l'enfant aujourd'hui marié. Même sans la reconnaissance de leur communauté, ils restent la fierté des femmes qui les créent.

Bien calées devant leur métier à tisser (…), les doigts de ces artisanes peuvent alors pincer les cordes tendues de la trame pour y nouer une symphonie de couleurs qui évoquera entre autre la beauté de la nature observée au fil des saisons.

Ces tapis sont très vite devenus un vecteur d'émancipation passif pour les femmes des villages qui peuvent enfin exprimer leurs émotions et leur vision du monde en toute liberté sans contrainte de signes ou de codes communautaires.
Interrogées sur leur inspiration, ces femmes, souvent gênées, parfois amusées, répondent qu'elles n'en connaissent pas l'origine :  

elles se laissent porter par leur intuition et créent leur tapis de manière spontanée.

Bien qu’il n’y ait pas de connexion entre ces tisseuses berbères et les artistes contemporains occidentaux, force est de constater (…) qu’ils se rejoignent et partagent la même sensibilité d'expression.

A la découverte de ces tapis, quelques grands noms de l'art contemporain tels Kandinsky, Klee, Klimt, Mondrian, Rothko, de Staël, ou bien d’autres encore viennent alors à l'esprit.
Cette appréciation ne renforce-t-elle pas l'idée de l'universalité de l'Art ? »

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

C'est une collection de tapis héritée de Jacqueline Alluchon, architecte casablancaise décédée en 2014. Animée par une passion frénétique pour les tapis berbères, elle les collectionne à partir des années 90, lors de ses voyages à travers le Maroc. Au départ, ses tisserandes ont réalisé ces tapis pour une utilisation personnelle afin de se protéger du froid et égayer leurs intérieurs (au sol, matelas, couverture,...). Ils ont tous vécu au sein de ses familles avant de rejoindre la collection de Jacqueline, ce qui peut expliquer leur aspect usé et vieilli. Cette collection @My boucha est gérée aujourd'hui par Violette Alluchon.